Richard Pinhas (Heldon) interview Sept 09

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Richard Pinhas biography

Electronic music pioneer and
leader member of the legendary Heldon, Richard Pinhas also has a
prolific career in solo. In 1977 e he released his first essay called
"Rhizosphère" (whose name is inspired by G. Deleuze philosophy). The
content is largely made of cerebral-obsessional electronic loops.
Guitars are more discreet and the music is progressively getting more
and more into a lysergic post-modern space odissey. The magnetic and
seductive "Chronolyse" (1978) is a little classic and a good example of
Richard Pinhas' hability to explore the complex droning quality of
electronic sound textures. The hypnotic and entrancing "Events and
Repetitions" (2002) can be considered as the French answer to Eno/Fripp
collaboration in the minimalist ambient spectrum. The last opus
"Metatron" (2006) perfectly combines Richard Pinhas guitar style (in
the vein of Robert Fripp's weird manipulations) to sonic cyclical
electronics. Outside of his solo career richard pinhas also founded the
project «schizotrope» and released several CDs in collaboration with
numerous artists such as Peter Frohmader (Fossil Culture, 1999), Pascal
Comelade (Obliques Sessions II, 1999). Highly recommended for those who
like sci-fi psych jamming, Heldon's propulsive neurotic-electronics and
Eno/ Fripp duet. 

See also: Heldon - Spacecraft - Flamen Dialis - Lard Free - Zed

:::INTERVIEW::: (Paris, 25-09-09)

Philosophe-Deleuzien,
écrivain, compositeur et guitariste, Richard Pinhas a été le fondateur
et leader du groupe légendaire HELDON. Il figure également comme le
précurseur français des musiques électroniques expérimentales et
cristallographiques, peuplées de « nappes paradoxales , hypnotiques,
hallucinatoires ». Richard Pinhas a proposé des oeuvres qui se veulent
stylistiquement proches des enregistrements du duo Eno / Fripp tout en
proposant un magma rock et électronique fait de sensations et de
pulsions incertaines, parfois splendides.

P.B : Rétrospectivement, quel a été le déclencheur, le commencent de l'odyssée musicale Heldon ?

R.P
: Au début il y avait un groupe de blues, les « blues convention » que
j'avais monté avec celui qui est devenu le premier chanteur de magma
Klaus Basquiz. Au bout d'un an ou deux on s'est arrêté car on ne
s'entendait plus, non pas avec Klaus qui est resté un bon copain mais
avec les deux autres. Parallèlement à mes études à la faculté j'ai
pensé à faire de la musique plus « sérieusement ». J'ai monté un groupe
qui s'appelai...Electronic
music pioneer and leader member of the legendary Heldon, Richard Pinhas
also has a prolific career in solo. In 1977 he released his first
essay called "Rhizosphère" (whose name is inspired by G. Deleuze
philosophy). The content is largely made of cerebral-obsessional
electronic loops. Guitars are more discreet and the music is
progressively getting more and more into a lysergic post-modern space
odissey. The magnetic and seductive "Chronolyse" (1978) is a little
classic and a good example of Richard Pinhas' hability to explore the
complex droning quality of electronic sound textures. The hypnotic and
entrancing "Events and Repetitions" (2002) can be considered as the
French answer to Eno/Fripp collaboration in the minimalist ambient
spectrum. The last opus "Metatron" (2006) perfectly combines Richard
Pinhas guitar style (in the vein of Robert Fripp's weird manipulations)
to sonic cyclical electronics. Outside of his solo career richard
pinhas also founded the project «schizotrope» and released several CDs
in collaboration with numerous artists such as Peter Frohmader (Fossil
Culture, 1999), Pascal Comelade (Obliques Sessions II, 1999). Highly
recommended for those who like sci-fi psych jamming, Heldon's
propulsive neurotic-electronics and Eno/ Fripp duet. 
See also: Heldon - Spacecraft - Flamen Dialis - Lard Free - Zed

Richard Pinhas (Heldon years)

:::INTERVIEW::: (Paris, 25-09-09)

Philosophe-Deleuzien,
écrivain, compositeur et guitariste, Richard Pinhas a été le fondateur
et leader du groupe légendaire HELDON. Il figure également comme le
précurseur français des musiques électroniques expérimentales et
cristallographiques, peuplées de « nappes paradoxales , hypnotiques,
hallucinatoires ». Richard Pinhas a proposé des oeuvres qui se veulent
stylistiquement proches des enregistrements du duo Eno / Fripp tout en
proposant un magma rock et électronique fait de sensations et de
pulsions incertaines, parfois splendides.

P.B : Rétrospectivement, quel a été le déclencheur, le commencent de l'odyssée musicale Heldon ?

R.P
: Au début il y avait un groupe de blues, les « blues convention » que
j'avais monté avec celui qui est devenu le premier chanteur de magma
Klaus Basquiz. Au bout d'un an ou deux on s'est arrêté car on ne
s'entendait plus, non pas avec Klaus qui est resté un bon copain mais
avec les deux autres. Parallèlement à mes études à la faculté j'ai
pensé à faire de la musique plus « sérieusement ». J'ai monté un groupe
qui s'appelait schizo, une sorte de préambule à Heldon. Un premier
disque a été publié et distribué gratuitement en X milliers exemplaires
suivi d'un deuxième album de soutien à la RAF, sans être pour autant
léniniste (rires). En 1971/72 il y a les cours de Deleuze que je
découvre un peu par hasard. Je dis par hasard car la rencontre avec
Deleuze s'est faite lors de la soutenance de thèse de Lyotard. Je
commence à suivre ses cours, je commence à le lire puis ça me tombe
dessus car c'est vraiment impressionnant. Parallèlement il y a le
groupe qui commence à se former autour de deux, trois amis,
principalement Patrick Gauthier qui va rester puis il va y avoir
rapidement une formation stable qui se fera avec François Auger à la
batterie, Didier Batard à la basse et Patrick Gauthier aux synthés.
J'ai décidé de mettre fin à l'entité Heldon même si c'était une entité
variable parce que les deux membres avec lesquels je tournais le plus
souvent avaient décidé d'arrêter. Je me suis dis que j'allais continuer
seul. J'avais déjà commencé à faire des disques solo, il y avait plus
trop de différence entre ce que je faisais et ce qui était publié sous
le Heldon. Le dernier disque d'Heldon est Stand By (1979). Dès le
départ il est sorti dans huit ou neuf pays y compris le Japon parce que
c'était chez Barclay. 

P.B: Comment expliques-tu la résurrection d'Heldon au début des années 2000. Quelles ont été les retombées médiatiques?

R.P:
on avait un beau budget et la maison de disques nous a laissé le temps,
c'est cadeau...et comme ça n'arrive que rarement. En plus la base du
groupe était là. Par contre la sortie du disque Only Chaos is Real
(concept basé sur le thème de "l'entropie sociale" de Markowitz) n'a
pas marché...et puis comme Dantec ne voulait plus faire de scène on a
préféré arrêter.

P.B : Quels sont pour toi les albums phares ? 

R.P
: Sur la première période, entre 1972 et 1984 certains albums, je ne
peux dire ça que après-coup, bien entendu, me paraissent être assez
mauvais, à tout le moins « secondaires », c'est-à-dire que aujourd'hui
je ne les referais pas, je ne les trouve pas très bons, par exemple le
Heldon 2 et le Heldon 3, voire le Heldon « Agneta nilsson ». Mais
certains restent vraiment très bons, voire des références dans le monde
de l'électro-acoustique, je pense à « Interface » ou à « Stand By ». «
Un rêve sans conséquence » a été une véritable révolution si on repense
à sa date de parution, 1976. Ça a été un peu le début de la musique
industrielle à la Throbbing Gristle. « Le voyageur » (sur un texte de
Nietzsche avec la voix de Gilles Deleuze) est un morceau qui est devenu
ce qu'on appelle un classique, je ne sais pas pourquoi. Toujours est-il
que tous les disques ont été continuellement présents sur le marché, si
on englobe les USA et le Japon aux territoire européens. En fait il n'y
a de problèmes que en France... Nul n'est prophète etc... Sinon à
partir de 1999, l'expérience schizotrope et les albums solo, il y en a
de plus ou moins bons, de plus ou moins définitifs, mais rien que je ne
regrette vraiment. Le Label Captain Trip au Japon va ressortir "De l'Un
et du multiple" en octobre prochain, c'est un album que j'aime
particulièrement. Et puis il y a les collaborations, celles passées et
celles à venir comme avec Merzbow. Il y a aussi la scène qui a repris à
un niveau intéressant : en 16 mois je serais allé jouer 2 fois au
Japon, deux fois au Canada, la tournée USA et quelques concerts en
Europe. Non si il y avait à revenir sur certaines choses ce serait dans
les premiers albums que je supprimerais pas mal de choses. Ce qui est
bizarre c'est que le public et Cuneiform (ma maison de disque) n'ont
pas du tout les mêmes idées : des albums comme « Allez teia » ou « it's
only rock n roll » ont été plébiscités alors que, initialement je ne
voulais pas les ressortir. Est-ce de l'incohérence ou bien est ce
plutôt la décision que ce n'est pas à moi de juger. En tout cas les
derniers cds comme « Metatron » ou « Tranzition », sont parmi ceux que
je préfère. Je pense avoir atteint, avec « Metatron », une sorte de «
plateau » de composition qu'il sera très difficile de maintenir.
L'expérience « Schizothrope » a également été très bénéfique, mais
trois albums c'est bien, suffisant. Il faut savoir se renouveler quitte
à en payer le prix, à savoir demeurer silencieux un certain moment. Le
plus difficile dans la vie d'un musicien c'est ça: LE SILENCE.

Au
début de Heldon la scène électronique mondiale était très pauvre: le
krautrock en Allemagne, Eno en Angleterre, Yellow Magic au Japon et
quelques américains aux MOOG synthetiseurs et on aura tout resumé.
C'est étonnant comment aujourd'hui lorsqu'on parle de groupes
français aux USA, au Japon, c'est toujours Magma et Heldon qui
reviennent, parfois Daft punk (que j'aime bien). Tout le reste est
vraiment inexistant, bien entendu indépendamment de mes goûts musicaux
propres. C'est avec les années 80 que la musique synthétique s'est
étendue jusqu'à devenir parfois n'importe quoi, c'est-à-dire de la
musique de supermarché. La technologie à portée de bourse,
contrairement à ce qu'on aurait pu croire, n'a pas permis l'éclosion de
plus de musique au sens noble du terme. Il ne suffit pas d'avoir un
apple « chez soi pour faire de la musique, on fait "plof plot" ou
"tictic", en fait on élargit le marché, la consommation de masse. mais
là il faudrait entrer dans une vaste analyse critique de tout le
système avec la production sonore comme exemple de base. Tout est noyé
dans le « tout s'équivaut », mais ce processus nous guettait depuis
longtemps. En conclusion, en ce qui concerne la musique électronique,
malgré une débauche incroyable de moyens technologiques, peut-être y
a-t-il beaucoup moins de création sonore, de "véritable" composition
aujourd'hui qu'il y a trente ans. On est beaucoup plus dans la «
reproduction », dans le retour du Même, Identique. La musique pourrait
se
nourrir d'un excédent négatif, plus de moins ou plus de rien... mais
heureusement, ici ou là, rarement mais toujours, naissent des îlots de
création, des points sur le plan de composition sonore, qui
involontairement parfois, renforce le Process lui-même, le plan de
composition sonore.

P.B : Quelles sont les rencontres personnelles et artistiques qui ont été décisives au cours de ton parcours ?

R.P
: Musicalement Robert Fripp a été quelqu'un de très important. J'ai eu
la chance de le rencontrer à plusieurs reprises puis d'assister à toute
l'ascension de King Crimson. mais j'ai été peut-être plus impressionné
par la musique avant les concerts de King Crimson. par les bandes de
Fripp et Eno qui passaient en fond sonore, parfois même des choses qui
ne sont jamais sortis en disque. Ça m'a beaucoup marqué à cette époque
vers 1973 / 1974. et évidemment Deleuze. À par cela j'ai croisé Lacan,
Foucault. un peu comme tous les petits veinards de l'époque. 

P.B
: Peux-tu me présenter l'imaginaire littéraire et esthétique foisonnant
qui a nourri et rehaussé l'univers musical d'Heldon ? 

R.P : Le
nom d'Heldon vient d'un livre de science fiction de Norman Spinrad : «
le rêve de fer ». C'est le nom d'un pays imaginaire dirigé par une
sorte de dictateur (Feric Jaggar).sinon en ce moment j'aime bien la
littérature américaine avec Faulkner, Woolman (.)

P.B : Dans
le Paris des années 1970, quels sont selon toi (les groupes ou
artistes) qui ont le mieux contribuer à imposer les adjectifs « nouveau
» et « progressif » à la scène musicale française?

R.P : Où que
tu ailles à l'étranger il y a toujours un nom et demie qui reviennent
toujours c'est Magma puis après Heldon. Il y a Univers Zero, ça revient
aussi beaucoup mais ils sont belges. Tout ce que je peux dire c'est que
la figure de proue c'est Magma et c'est mérité sur la durée. Ils ont
une aura.et ont su imposé un style. 

P.B : Quel est aujourd'hui l'héritage d'Heldon sur la jeune génération ? 

R.P
: Je ne revendique rien du tout mais lorsque je vois les gens de Wolf
Eyes ou de Merzbow, etc. disent on t'écoutait.pour moi c'est un
honneur, je suis plutôt étonné.et puis après on devient amis, c'est
peut-être pour cela qu'on a aussi fait des choses ensemble.sur le
prochain album il y aura également Wolf Eyes et Merzbow. 

P.B
: Quel a été pour toi le rôle des minimalistes post-modernes et des
chercheurs en électro-acoustique dans l'avant-garde musical? Est-ce
qu'ils t'ont influencé dans tes travaux ?

R.P : Si tu parles de
Philip Glass et de Steve Reich, c'est certain que ce sont des figures
marquantes musicalement. J'avais découvert Philip Glass au tout début
des années 1970. Avant ça j'avais écouté un peu Stokhausen.il faut
aussi se rappeler que la première « d'Einsten on the beach » a été
faite à Paris.

P.B : Avec des références répétées à la
philosophie de Gilles Deleuze tu as donné à ta musique une sorte de
dimension conceptuelle mais également tactile (physicalité des sons
dans leur mouvement ondoyant, leur staticité.). Sur le plan de la
composition comment procèdes-tu pour retranscrire par les sons ce
travail de taille effectué par Deleuze sur des concepts fourmillants ? 

R.P
: « Plan de composition sonore », « plan de composition du désir », «
plan d'immanence » les concepts fondamentaux de différence et de
répétition. Tu as tout Deleuze et toute l'histoire de la musique en
même temps. Quand il parle de blocs de durée il est évident que c'est à
mettre en relation quasi évidente avec les blocs sonores.et le travail
des musiciens d'aujourd'hui c'est un travail sur la matière, ce ne sont
plus les formes ou les signifiants qui comptent. Ce qui compte
fondamentalement c'est le travail sur le matériau, la matière
travaillée, en devenir. Ce qui compte c'est le « process ». Le terme de
« process » peut s'appliquer aussi bien en philosophie qu'en
musique.mais moi je fais absolument aucune différence en musique, un
solo de guitare bien rock peut être aussi jouissif qu'une composition
très achevée. 

P.B : Dans le livre « mille plateaux » j'ai
relevé le concept de « synthétiseur de conscience ». A propos de ce
terme ton nom est cité en référence de bas de page. Est-ce que tu peux
m'expliciter en quelques phrases le sens puis la place de cette
expression dans le perspectivisme de Deleuze?

R.P : Oui c'est la
« ritournelle » (motifs territoriaux). Deleuze travaillait par petites
notes avec les gens.je lui ai fait une note sur les synthétiseurs, au
sens de synthèse disjonctive en philosophie, les synthèses temporelles
et le synthèses sonores. Je préfère être cité par Deleuze que par
Fillon (rires).c'est devenu une telle nullité tout ça.Deleuze a marqué
la philosophie du XXe siècle. Il figure dans le top 20.

Edited by philippe - October 09 2009 at 05:34